Mille fois on les a feuilletés pour le plaisir de se revoir enfant, de retrouver les bons souvenirs et les moins bons. Retrouver le visage d’un absent qui nous manque ou le parfum des vacances. L’album photo fait partie du décor de notre enfance, c’est le confident d’une histoire familiale un peu floue, pas toujours bien cadrée et parfois enjolivée. Mais d’où vient la tradition de l’album photo et pourquoi est-il finalement si important pour nous ? Albums vous dit tout.
Photographie et albums photo
L’histoire de l’album photo est intimement liée à celle de la photographie. Dès l’apparition de celle-ci naissent les premiers albums photo. Mais, au départ, ceux-ci sont exclusivement à vocation scientifique. Ce sont, si l’on peut dire, les livres d’essai de la technique photographique.
Pourtant, rapidement, l’album photo va s’inviter chez les particuliers, mais uniquement fortunés. Dans les élites, on fait appel à des photographes professionnels pour immortaliser l’histoire familiale, que l’on expose ensuite dans de riches supports cartonnés pour les visiteurs. Plus qu’un objet de mémoire, l’album est alors un objet de représentation sociale qui sert à mettre en valeur l’histoire familiale.
Cependant, la notion de souvenir s’impose peu à peu et l’émergence d’une autre mode, qui va perdurer tout long au XIXème et même au-delà, en est l’illustration : celle de l’album post-mortem. Les disparus sont alors immortalisés dans une posture de vie, souvent entourés de leur famille. Des clichés qui semblent parfois perturbants aujourd’hui, mais qui, à l’époque, étaient réalisés pour conserver au moins un souvenir du défunt, surtout lorsqu’il s’agissait de jeunes enfants.
Petite précision concernant ces clichés : le temps de pose étant extrêmement long, seul celui qui est parfaitement immobile est totalement net. De quoi donner légèrement le frisson !
L’essor de la photographie amateur
Si, à partir de 1854, la naissance de la photographie en série donne un coup de pouce à la mode de l’album photo, c’est l’arrivée des premiers appareils portatifs qui va définitivement booster cette mode.
1888 et 1925 sont, en ce sens, deux dates clés grâce au géant Kodak, qui lance d’abord le premier appareil portatif, puis commercialise les premiers petits appareils portatifs couleur. Une révolution technologique qui fait de l’album photo un outil désormais incontournable de la mémoire familiale.
Plus besoin de faire appel à un photographe professionnel, tout un chacun peut désormais immortaliser les moindres détails de la vie de famille. Seul le sacro-saint album de mariage échappe aux cadrages approximatifs. Lui seul a désormais encore les honneurs d’un photographe officiel pour être sûr d’immortaliser comme il faut ce grand moment.
Pour le reste, c’est Papa qui joue les paparazzi d’occasion pour les cinquante ans de Tata Huguette, l’inauguration de la piscine gonflable par les deux grands, les vacances au Cap d’Agde et la première fois du petit dernier sur le pot.
L’essence de l’album photo : transmettre une histoire
Diapo, photos, c’est le même combat. Au fil des vacances, des fêtes, des événements, on enrichit les collections et les albums. Nos parents nous ont entraînés dans la tradition familiale. Il n’y a pas si longtemps, en famille, on organisait encore la mythique soirée diapositives. On ouvrait les albums pour se replonger dans les vieux souvenirs, les bons moments. L’album photo est devenu le réceptacle d’une mémoire familiale. Il représente une transmission essentielle qui permet à un enfant de se situer dans l’histoire familiale, comprendre d’où il vient, se rassurer sur son origine.
Ces albums peuvent aussi avoir une importance pour la psychologie de chacun. Ils permettent non seulement de revoir son histoire, mais aussi de l’interroger pour mieux la comprendre et se comprendre. Revoir des clichés, revisiter des souvenirs permet de poser un autre regard sur l’histoire familiale et parfois, avec le recul, de la décoder. D’ailleurs, certains psychanalystes, comme Christine Ulivucci, accordent beaucoup d’importance à l’analyse symbolique de ces précieux albums. Vous trouverez par ici un petit podcast à écouter pour aller plus loin sur ce sujet.
Quelles que soient les évolutions techniques et technologiques, l’album de photographies conserve cette vocation intrinsèque d’être le vecteur d’une émotion, le passeur d’une histoire. C’est probablement la raison pour laquelle il perdure par delà les modes et les frontières, même face à la révolution du numérique.
L’album photo face au numérique
L’arrivée de la photographie numérique change la donne, dans notre rapport à la photographie. Désormais, on ne prend plus de photos, on mitraille en toute situation. On ne tire plus les photos. On les partage. On les expose via Instagram.
Enfin, grand paradoxe de notre époque, libéré de la contrainte de la pellicule, on fait plus de photos, de tout et n’importe quoi, pour ne pas les regarder. On les entasse sur des disques durs et… on les oublie !
Tout du moins jusqu’à ce que Facebook nous ressorte la photo de la naissance du petit dernier. Alors, à nouveau, ressurgit la tentation (temporaire !) de retrouver ses photos, de faire des albums à nouveau. Tentation souvent vite oubliée face à la masse de clichés stockés.
L’année 2002 marque d’ailleurs un tournant essentiel tant pour la photographie que les albums. Pour la première fois, il se vend plus d’appareils photo numériques que d’appareils argentiques. Une tendance qui n’aura de cesse de se confirmer et voit l’avènement du livre photo numérique.
Une arrivée qui a un impact direct sur la place de l’album photo. Il se réinvente. Du statut d’objet collecteur d’une mémoire familiale, présent dans l’intimité de chaque foyer, il glisse progressivement vers celui d’objet cadeau. On l’offre pour différentes occasions, personnalisé pour rappeler un ou des moments particuliers, non pas à la famille, mais à une personne dédiée.
L’album photo revient d’une certaine manière à sa place première en redevenant un objet d’exception. D’ailleurs, il n’est plus “album” mais devient “livre photo”. Et les sites d’impressions d’album photo se sont multipliés.
Ce changement de statut de l’album photo marque aussi un infime bouleversement dans notre conception même de l’objet et de la photo. On n’imprime plus tous ses clichés, même les ratés, comme on le faisait avec la pellicule argentique. Adieu le cliché manqué mais naturel qu’on gardait parce que c’était un souvenir quand même. On sélectionne, on élimine, on retouche même, on compose et on thématise. Face à la masse de clichés que nous accumulons, la photographie doit désormais être exceptionnelle pour mériter sa place dans l’album.
Reste la question de ces milliers de clichés que nous prenons. Comment préserver ces instants capturés, sans les enfermer dans un disque dur ? C’est l’une des raisons d’être d’Albums : une application sûre où conserver ses clichés en haute définition. Et une solution de partage où nous pouvons inviter nos amis et nos proches à se réunir dans un album virtuel et collaboratif !